Un chien aboie dans la nuit. C'est mon voisin qui hurle à la mort. J'aurais pu le faire. Il s'en est chargé. Il a craqué avant. C'était juste une question de secondes. Comme tout. Comme tout le monde. J'ai entendu son cri obscur. Suintant l'abandon de la vie. De sa Liberté. A lui. Comme la nôtre. Fragile. Elle s'en est allée dans un pays où le jour s'écoule dans un sourire.
Il hurle et j'entends. Comme tout le monde. Sauf que j'entends. Et je ne fais que ça. Crier gare. Et j'entends encore. Encore plus. Le train qui sonne l'alarme des portes qui se referment. Crier gare.
Alors?.. sur le quai. Plus personne. L'effluve sonore qui s'en va au loin.
Et alors?.. La main coincée dans la porte. Entre deux feux. L'un vert l'autre rouge mais peut importe, l'immobilité frappe à la porte.
Mais alors?.. Le fourmillement bringuebalant du wagon donne le rythme de l'hésitation interne. Et de la peur vers laquelle on s'achemine. Sans pouvoir reculer. Maintenant tout va trop vite.
Dans la nuit, ce soir, le vrombissement des moteurs teintent le ciel de mouvements éparses, décalés comme l'aiguille du temps qui nous fait avancer. Plus besoin d'horloge.
Ce soir, le chien aboie et les voitures passent sous ma fenêtre ouverte.
Ce soir. Un soir. J'entends le temps qui passe.
Chez moi, sans que je ne lui offre l'hospitalité...