Assise sur un banc
sombre, songeuse, à l'écart .
Les pigeons se penchent
les couples sur leurs enfants
les vieilles dames dans leurs pages
et l'homme à la canne,
vers ses rêves, envolés...
Comme cette forme blanche qui se perd à travers les nuages
devant moi.
Mon, corps. Est
Lourd de larmes.
Clos, mes yeux.
La fenêtre se ferme.
Mes étoiles, essoufflées.
Noyade dans l'oeil de ce pigeon sans patte.
Quel est le cailloux qui va me réveiller?
Je ne veux pas des miettes qu'on laisse sur le passage.
Je ne picore pas les restes
et pourtant, je reste assise, là, sur ce banc,
regardant la vie passée, là, devant.
De dos, le chemin n'est pas visible,
les yeux clos, la vie, coule, invisible...
Tout est en mouvement
Tout est en musique
En marche, on n'oit pas
les feuilles qui tombent et pourtant,
comme elles sont belles,
ces peaux mortes qui suggèrent
quelque part, partout, autour de nous,
une flamme qui se lève.
Quelques années déjà,
tout, respire, comme aujourd'hui
Les étreintes fougueuses,
les "bonjour-sourires"
les gestes délicats, dans les cheveux,
dans les regards...
Tout cela existe, existe suspendu entre la canne de mon petit vieux
et son regard, perdu, heureux...
Tout cela existe, existe entends-tu parce que l'envie d'être entier
bouscule toujours les tristes journées...
Dans ma poche, une pierre
aiguisée. l'oeil ouvert
sur cette après-midi de fin d'été.
Se débarrasser de ce manteau lourd qu'on porte comme une écorce, craquelée.
S'élancer, au vent, aux oiseaux, aux avions...
À la flotte je le jette ce bout d'amertume. Aux pigeons, je le laisse ce morceau de prison.
Tout est en mouvement
Tout est en musique
Aujourd'hui déjà
Tout respire comme la vie
Je me lève. De tout mon corps, à pleins poumons
et je vais, en marche, écouter les feuilles mobiles
et derrière moi, là, les pigeons se penchent,
là, derrière moi, ces quelques mots,
posés, lourds,
sur ce banc,
à l'écart du présent.
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